d) Le sexe psychologique

Publié le par peutondefinirlesexedunhermaphrodite.over-blog.fr

Le syndrome d'insensibilité aux androgènes (SIA) ou syndrome du testicule féminisant est un exemple de mutation d' un gène responsable des récepteurs des hormones. Le caractère défectueux des récepteurs entraîne le développement d' organes génitaux externes-internes de types mâle, mais d'organes génitaux externes de type femelle chez un individu de génotype XY. Les personnes présentant un syndrome d'insensibilité aux androgènes ont une morphologie féminine et se sentent femmes bien que' elles aient un chromosomes Y. N'ayant généralement pas connaissance de leur état avant la puberté, où les menstruations ne se manifestent pas elles sont considérées comme des femmes par leur entourage et par elles-mêmes. Le sexe psychologique concorde donc avec les aspects externes du phénotype sexuel, mais pas avec le génotype. Bien qu' il s' agisse là d' un syndrome relativement rare ( environ 1 cas sur 4000 naissances), certains personnages célèbres sont supposés en avoir été affectés ( Jeanne d' Ard, par exemple, ou Wallis Simpson, la femme pour laquelle Edouard VIII renonça au trône d ' Angleterre).


Une autre forme de discordance entre génotype, phénotype et sexe psychologique concerne les individus génotypiquement mâles qui, au début de leur vie, présentent un phénotype féminin, mais dont le phénotype sexuel change la puberté. Jusqu' alors ce sont phén otypiquement des filles du fait qu' il leur manque une enzyme, la 5-alpha-réductase, qui convertit la testostérone en dihydrotestostérone, responsable du développement précoce des organes génitaux mâles.Ces enfants ont des organes génitaux de morphologie quelque peu ambiguë, mais d' aspect général féminin (ils possédent des petites et des grandes lèvres avec un clitoris hypertrophié et des testicules non descendus). Ils sont, en conséquence, élevés d' ordinaire comme des filles. Mais à la puberté, quand la sécrétion d' androgènes par les testicules s' accroît, le clitoris se transforme en pénis et les testicules descendent, transformant ces individus en mâles phénotypiques. 


L'identité de sexe est un ensemble de caractéristiques anatomiques, physiologiques et génétiques qui font dire que telle personne est soit mâle, soit femelle, soit hermaphrodite, soit intersexuée plutôt masculine, soit intersexuée plutôt féminine (herms, merms et ferms selon la terminologie d'Anne Fausto-Sterming Cf11.


L'existence des personnes intersexuées et des personnes transsexuelles tend à prouver qu'il existe plus de deux sexes selon la thèse de Judith Butler dans l'humanité et que la division de l'humanité en deux groupes totalement distincts (les hommes et les femmes) peut être remise en cause.


De leur côté, les personnes intersexuées insistent d'ailleurs de plus en plus fortement sur leur identité sexuelle propre, et c'est un des principaux chevaux de bataille de l'Organisation Internationale des Intersexués (OII)12.


Les travaux de la biologiste et théoricienne du féminisme Anne Fausto-Strerling sont essentiels et ont grandement aidé les personnes intersexuées à sortir de l'effacement dont elles font l'objet depuis si longtemps11,13


L'intersexualité met en jeu la définition même du sexe, et, indirectement, celle du genre. Dans la plupart des sociétés, les individus sont répartis en deux catégories, les hommes et les femmes. Le sens commun suppose que cette bi-catégorisation de l'humanité en hommes et en femmes est le reflet d'une réalité naturelle et évidente qui se fonderait sur les observations de la biologie: les humains présenteraient, dans leur anatomie, deux types d'organes génitaux bien distincts, mâles et femelles, qui serviraient de critères pour fonder les genres sociaux que sont le masculin et le féminin : une personne dotée d'un pénis serait un homme et une personne dotée d'un vagin serait une femme.


Cependant, les dernières avancées de la biologie montrent qu'il est beaucoup plus difficile de définir scientifiquement ce qu'est le sexe. Il n'y a, en fait, pas de critère unique et « naturel » qui permettrait de définir clairement le sexe d'un individu, mais plusieurs caractéristiques de différents types relevant de plusieurs approches : l'anatomie (la présence d'un pénis ou d'un vagin), les gonades (le fait de posséder des testicules ou des ovaires), les  hormones (le fait qu'un organisme produise de la testostérone ou de l'oestrogène), ou encore la génétique (le fait qu'un individu possède, dans son ADN, une paire de chrommosomes XX ou XY ou une autre combinaison encore). Il existe donc non pas un mais plusieurs système de détermination sexuelle : « ce que de nombreux travaux scientifiques semblent démontrer aujourd'hui, c'est bien que le sexe représente un ensemble de données et non pas un seul élément permettant de considérer qu'on est soit mâle soit femelle ».


Les "gender studies" ont ainsi pu montrer que la bi-catégorisation des individus en hommes et en femmes n'est pas la simple reconnaissance d'une réalité naturelle évidente, mais le résultat d'une construction sociale susceptible de varier d'une société à l'autre et au cours de l'histoire. Autrement dit, ce sont des critères sociaux, et non pas biologiques, qui président à la classification des individus selon une  dichotomie hommes/femmes : si l'on définit le genre non pas comme le « sexe social » d'une personne mais comme le principe de division qui institue deux sexes au sein d'une société, on peut dire que le genre précède le sexe, au sens où il élabore les critères qui permettent de ramener une multiplicité de caractéristiques sexuelles à deux catégories bien distinctes. Ce sont ces catégories que les organismes sexuellement ambigus des individus intersexués viennent remettre en cause.


Il existe par ailleurs des individus qui se situent biologiquement à mi-chemin entre les pôles féminin et masculin, et qui comportent des aspects physiologiques, mais aussi psychologiques des deux sexes. Ceci appuie la notion de continuum et de passage entre les sexes. Les identités sexuelles ne sont pas fixes, mais malléables. Nous n’appartenons pas exclusivement à la catégorie du masculin ou du féminin. Il existe des passerelles entre les sexes et nous avons la possibilité de passer de l’un à l’autre.


Concernant la notion de passage, l’exemple de la femme Nuer est particulièrement intéressant à aborder ici. Dans cette tribu d’Afrique occidentale, une femme stérile est considérée comme un homme, et en tant que père, se voit attribuer une descendance. Ce qui différencie l’homme de la femme dans cette tribu se situe donc uniquement dans la capacité d’enfanter. La femme stérile peut donc se constituer un capital afin d’obtenir une épouse dont elle devient le mari. Cette relation conjugale n’entraîne aucun rapport homosexuel puisque la reproduction est assurée par un donneur reconnu comme tel. Statut et rôles masculins et féminins sont donc ici indépendants du sexe. Le passage se situe uniquement au niveau social. La femme stérile change de sexe social aux yeux des autres.


Dans notre société occidentale actuelle, les figures emblématiques de ce passage physique et culturel sont celles du travesti et du transsexuel. Elles accréditent d’une certaine façon l’idée qu’il existerait un troisième sexe, un continuum, voire une transition possible entre les sexes masculins et féminins.

 

L’éducation leur confère une identité orientée vers l’un des deux pôles, fille ou garçon, homme ou femme. Aussi, plus de 95 % des enfants nés avec des caractéristiques sexuelles équivoques grandissent dans le rôle que les chirurgiens ont imposés à leur corps après la naissance, qu’il soit en accord ou non avec la situation chromosomique. Ainsi, alors que le président de la chambre allemande des médecins estime que la médecine n’est pas là pour fabriquer des hommes sur mesure, les enfants qui naissent hermaphrodites ou intersexués subissent leur vie durant des opérations coûteuses, douloureuses et pas toujours efficaces, pour faire en sorte que la Nature se conforme de force à notre vision binaire de la sexualité.

Étant donné l’existence ancienne des hermaphrodites, pourquoi donc ne pas les considérer comme des représentants naturels de l’évolution humaine ? Des histoires d’hermaphrodites1, non reconnus par la médecine et donc épargnés à la naissance et dans la petite enfance par les interventions médicales et les traumatismes qui en découlent, nous apprennent qu’ils trouvent manifestement leur place dans la société et dans la vie. Cela peut s’expliquer par l’intégrité de leur corps et de leur esprit, non perturbés par les interventions médicales et leurs conséquences. D’ailleurs plusieurs associations prennent la défense des hermaphrodites en revendiquant qu’ils aient le droit de décider en temps voulu de leur propre sexe, pas avant qu’ils ne soient en mesure de faire un choix éclairé.

 

Si l’on s’appuie sur la diversité des manifestations corporelles sexuelles au moment de la naissance, on peut affirmer qu’il existe trois catégories sexuelles: un aspect masculin, un aspect féminin et un aspect hermaphrodite. La médecine ne peut affirmer qu’il n’existe que deux choix possibles pour les hermaphrodites, soit l’avortement, soit la correction, pour la simple raison que la société n’est pas encore prête à fonctionner avec eux. L’utilisation même du terme «correction» implique qu’il existe une «bonne» façon de faire. Or le taux de «suicide réussi» d’environ 30% chez les individus auxquels un sexe a été imposé prouve que ce n’est pas le cas. L’exemple d’Herculine Barbin constitue une preuve de la gravité des conséquences individuelles et sociales que peut avoir une constatation erronée du sexe de l’enfant qui vient au monde. Beaucoup de médecins affirment que la société n’est pas encore prête à accepter les hermaphrodites. Le monde médical fait tout ce qui est possible pour cacher les hermaphrodites et le problème de l’attribution sexuelle forcée à l’opinion publique. Même lorsqu’elle est évidente, on préfère ne pas donner à voir l’ambiguïté sexuelle. Il est facile de dire que les intersexués sont des erreurs de la Nature, ou des monstres si l’on se réfère au discours d’Aristote. Aussi, la médecine contribue à freiner le processus d’intégration sociale des hermaphrodites.

 

 

Conclusion:

Le sexe d'un hermaphrodite n'est pas identifiable par son sexe gonadique, phénotypique, génotypique mais peut être identifiable par le sexe psychologique. Si on pratique une opération à sa naissance en le classant en tant que homme mais qu' au fil du temps l'individu se sent femme que se passe t-il au niveau de la loi, des procédures de changements de sexe ou encore des moyens qui aident a ce changements de sexe ?

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